Stairway To The Sun
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 1997 - We are family~

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Sherry Birkin

Sherry Birkin

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MessageSujet: 1997 - We are family~   1997 - We are family~ Icon_minitimeLun 23 Aoû - 0:24

Sherry était occupée, très occupée. Guettant l’heure du coin de l’œil, elle s’affairait à décorer minutieusement a boîte d’une cassette vidéo, privée de son contenant. Évidemment, puisque la cassette se trouvait dans le lecteur, prête à enregistrer quand il le faudrait. L’enfant, elle, décorait le carton, dessinant comme elle le pouvait les personnages représentés autour d’une cabine de police londonienne. Elle n’aimait pas beaucoup son dessin, et il est vrai que même du haut de ses onze ans, Sherry n’avait rien d’un génie en arts-plastiques; mais cela ne l’empêchait pas de s’appliquer, son visage tordu inconsciemment en une grimace un peu hystérique semblable à celle qu’elle tentait de reproduire.

Elle s’arrêta une seconde, regarda à nouveau l’heure et se leva, cherchant des crayons de couleurs dans un tiroir de son bureau. Elle était seule, et le bruit de la boîte qu’elle ouvrait résonna dans la pièce.
Du bleu, du bleu…
Sherry plissa les yeux, se rendant compte alors de la faible luminosité de sa chambre. La nuit était trop vite tombée depuis qu’elle y était entrée, ou bien plus vraisemblablement elle n’avait pas vu le temps passer, théorie que son réveil confirmait. L’enfant alluma la lampe de bureau, qui clignota puis s’éteignit.

La blondinette jura, tout bas, à peine un murmure de peur qu’on ne l’entende. Sa mère la gronderait si elle savait. Tant pis, il faudrait se contenter de la lumière tamisée de sa lampe de chevet. Sur le bloc de post-It jaunes fluo posés sur la commode, elle ajouta « acheter ampoules » à « tél plombier => sanitaires bouchés » et « réun° parents/profs 07/03 » qui précédaient.
Sherry dévissa l’ampoule et la jeta sur son lit, aux côtés de la pile de vêtements propre déjà présente, il faudrait penser s’en occuper tout à l’heure. L’adolescente en profita pour trier le linge ; il n’y avait pas trop d’affaires à repasser pour ses parents, elle se demandait parfois si ils portaient réellement des vêtements sous leur blouse blanche.
Quoique, au vu des chemises de son père, c’eut peut être été préférable. Sérieusement, qui donc pouvait vendre ce genre de… choses ? Elle n‘appréciait pas plus que cela les vêtements, la mode, mais de mémoire elle doutait que les cravates violettes décorées par des π pourpres aient déjà été à la mode. Elle pouvait dire de son père d’ailleurs, mais ce que sa mère portait devait certainement dater des années 80. Voir 70. Voir d'un futur où ce genre de fripes étaient courantes.

Une nouvelle vérification de l’heure l’informa que de une, ses parents auraient déjà dû arriver il y a trois minutes et de deux que la série allait bientôt commencer. Oh, ce n’était même pas comme si l’épisode était un inédit, c’était une rediffusion passée sur la BBC il y a plusieurs années déjà. Mais le résumé ne lui disait strictement rien, et surtout… c’était une de ces si rares occasions où Sherry faisait quelque chose avec ses parents. C’aurait pu être n’importe quoi de différent, un jeu de société, une belote, mais cette soirée elle l’attendait chaque semaine comme un rituel sacré. Alors elle avait tout fait, ses devoirs, la vaisselle, la salade de tomates à picorer devant la télévision. Consciencieusement, elle avait coupé des tranches de saucisson et tout disposé sur un plateau, pour que tout soit absolument par-fait. Ne restait qu’à attendre l’heure.

Elle achevait à peine de colorier en bleu la cabine que la chambre sombra dans le noir, les lettres rouges du réveil alimenté par piles restant seule source de lumière. Sherry sursauta, non pas qu’elle avait peur du noir mais ce n’était absolument pas le moment pour une coupure de courant. A tâtons, elle atteignit la porte qui conduisait au couloir, descendit l’escalier doucement, marche par marche ; le sol glaçait ses pieds nus tandis qu'elle étreignait un ours en peluche. Il aurait fallut vérifier le secteur, mais elle n’avait pas le droit de s’occuper de tout cela.
Sa vue commençait tout juste à s’habituer à l’obscurité, et elle saisit une lampe torche dans un tiroir de la cuisine, sans même buter sur de quelconques objets en s’y dirigeant. Sherry soupira, se posant devant le canapé devant la télé éteinte. Il allait être l’heure pourtant, et elle ne pouvait pas réparer ça toute seule, même si c’était certainement un bête court-circuit.

« Quand papa arrivera, il arrangera ça… »

Elle avait pensé à voix haute sans le vouloir, elle s’en rendit compte quand ses mots résonnèrent dans l’étage vide. C’est une habitude de vieille personne ça, pas d’enfants. Une habitude de personne seule pour être plus exact.

Les minutes passèrent, elle l’entendait au tic-tac des aiguilles de l’horloge. Toujours personne. Ils étaient en retard.
Sherry s’assoupissait à moitié, la tête reposant sur l’accoudoir du fauteuil, l'ourson blottit contre elle, quand la porte d’entrée grinça. Elle entendit les pas s’approchant, ils lui parvenaient de très loin, si loin…
Sa bouche était pâteuse, elle avait peut être attendu plus de temps qu’elle ne le pensait.

« Maman ? »
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William Birkin
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William Birkin

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MessageSujet: Re: 1997 - We are family~   1997 - We are family~ Icon_minitimeMer 25 Aoû - 20:54

La maison était plongée dans le noir, même un type aussi ahuri que William Birkin pouvait s’en rendre compte. Sherry avait pris la peine de fermer les volets, raison pour laquelle aucune lumière ne venait des lampadaires à l’extérieur. Qu’est-ce qui c’était passé ? Le Croque-Mitaine sous le lit de la gamine s’était enfin réveillé ?
L’homme posa sa mallette de travail dans l’entrée et manqua de se prendre la petite table avec une plante verte dessus. In Extremis, il parvint à rattraper le tout.
D’après ses calculs, le salon n’était pas loin. Birkin devrait être capable d’arriver jusque là en vie…

Ou pas…

C’est bizarre, il se rappelait pas combien ça pouvait être dur, un mur !

Les pas de l’homme se faisaient de plus en plus petit. Néanmoins, ses yeux commençaient à discerner le contour des choses. Sherry était assoupie dans le canapé, son ours avait glissé à terre. William s’accroupit et ramassa la peluche, la regardant droit dans les petites boules de verre lui servant d’yeux

Bonsoir Poutrelle, Sherry a été sage aujourd’hui ? Bien sûr…elle est tout le temps sage ma petite fille, c’est vrai. Et toi, tu as été gentille avec elle, tu n’as pas boudé ? Elle a du en faire des choses aujourd’hui à l’école… De belles choses je parie, non ?

L’ourse ne lui répondit rien. Déçu, William reposa la peluche entre les bras de sa fille. Il ne questionnait jamais l’enfant directement sur tout ce qu’elle faisait. Les informations qu’il avait, il les lui volait presque via des objets ou des regards en coin. Les ours en peluche étaient ses espions préférés, il les interrogeait souvent dans de longs monologues, essayant de retrouver à travers cela le parcours de sa fille dans la journée.
Doucement, ses doigts vinrent effleurer quelques mèches blondes. A peine une caresse, les gestes affectueux ça faisait peur, même quand on voulait les donner.

William se redressa. Il croyait se souvenir que des bougies se trouvaient dans les tiroirs du buffet là bas.

Bingo !

Miraculeusement, une boîte d’allumette était à côté. Le bois du canapé craqua soudain, Sherry se réveillait. L’homme était retourné dans l’entrée, il avait allumé sa bougie et vérifiait les plombs. La petite voix de sa fille résonna soudain en un appel. A nouveau il se dirigea vers le salon. La flammèche tremblotante révéla la forme de Sherry, debout qui le regardait.
Ils se firent face sans rien dire quelques instants. Comme toujours.

C’est moi, c’est juste moi….

N’avait-elle pas peur dans l’obscurité ? Elle n’avait pas crié. Et ses grands yeux bleus le regardaient. Sa main trembla lorsqu’il lui tendit la bougie pour qu’elle s’en saisisse. Ce n’était pas un feu sacré que William lui donnait, juste une petite étincelle. De quoi l’éclairer et guider ses pas en attendant qu’il répare tout ça. Mais lui-même se retrouvait dans l’obscurité…

Assistante, vous venez m’éclairer ?
Quels boutons à tripatouiller ? Birkin n’avait pas pour projet de s’électrocuter ce soir, aussi prit-il le temps de réfléchir. Un temps, un clic et…

Fiat Lux !

Ahahahahaha, ça marche ! Je suis G.E.N.I.A.L ! Un gémline, oui un génie et…

Un regard vers Sherry

Et j’ai une assistante géniale aussi, bien sûr ! Bon, on va devant la télé maintenant ?

Peut être que la fillette était désormais trop grande pour que son père fasse le cirque en décrivant ses actions, mais qu’importe ? Ca, il ne pouvait pas s’en empêcher.Birkin était un gosse lui aussi. Alors même si Sherry ne voulait plus, il continuerait de faire l’andouille au moins pour lui. C’était ce qui le caractérisait. Ce qui le caractérisait avec elle, sa petite fille qui avait bien trop vite grandi

Maman ne peut pas venir ce soir, le travail…

Toujours un absent, jamais les deux parents ensemble pour Sherry. Que préférait-elle, la solitude glacée de la maison ou bien, l’atmosphère pensant d’un face à face avec une personne qu’elle ne connaît pas assez ?


Il ne savait pas.

Il ne savait jamais à quoi elle pensait…

Sa toute petite.
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Sherry Birkin

Sherry Birkin

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MessageSujet: Re: 1997 - We are family~   1997 - We are family~ Icon_minitimeJeu 26 Aoû - 19:18

Non, ce n'était pas Maman mais Papa.
Son papa à elle, son papa qui arrangeait tout d’un coup de baguette magique, pouf ! comme ça. Elle venait d’ouvrir les yeux, tout était encore flou et sombre. Sauf la silhouette de l’homme qui se rapprochait, une silhouette que jamais, jamais elle n’aurait pu confondre avec une autre. Alors elle se frotta doucement les paupières de sa main droite, attrapant de l’autre l’ourson qui avait glissé sur ses genoux lorsqu’elle s’était assise.

Elle le regarda fixement, sans rien dire, personne ne disait jamais rien ici. Pas de grandes effusions de joies, pas d’embrassades, juste le silence qui couvrait tous les non-dits. Leurs journées, Sherry n’en connaissait que des pièces de puzzle : un papier griffonné dans une poche, un rapport oublié sur la table. Quand elle rangeait elle trouvait même parfois des petits dessins perdus près du téléphones, ceux-là elle ne les jetait jamais.
L’adolescente saisit la bougie que son père lui tendait. Sherry s’en moquait de la lumière. Quand William la tenait c’était bien mieux, elle pouvait le voir.

« Bonsoir Papa. »

C’était tout. Un salut poli. Elle n’osait même pas lui demander s’il allait bien, c’était trop, trop difficile de faire un pas de plus ; et si jamais ça l’embêtait ? Non, mieux valait attendre comme toujours, papa parlerait s’il en avait envie, pourquoi diable aurait-il eu des difficultés pour discuter avec une gamine, lui qui savait tout faire ?

Son papa, là, il bougeait, l’appelait depuis l’entrée. Assistante. Elle courut vers lui, sans trébucher; cette maison elle la connaissait par cœur. Elle lui donnait la réplique tout bas, mais sa voix s’élevait en fin de phrase, elle était l’assistante.

« J’arrive tout de suite… Docteur… »

Et Sherry était déjà là à l’éclairer du mieux qu’elle le pouvait, la peluche serrée contre son cœur. Il faisait plein de chosesavec les boutons le Docteur Birkin , en poussant des petites exclamations victorieuses et tout de suite, c’était fini; que la lumière soit, et la lumière fut.
Elle était aux anges la fillette, elle en laissa même échapper un rire radieux.

« Vous êtes un génie Docteur. »

Elle aurait bien voulu continuer, rester debout à côté de son père pendant qu’il réparait quelque chose, n’importe quoi. "Le Docteur Birkin et son assistante". Mais comme toujours il fallait revenir à la réalité.

« Ah. »

Maman ne viendrait pas. Sherry ne s’étonnait pas, était à peine déçue. C’était comme ça ; papa ou maman, rarement les deux, souvent aucun.

Sherry leur en avait voulu à une époque, quand elle avait commencé à comprendre dans les livres et à l’école ce qu’était un parent. Surtout à l’école, à la fin des cours. Tous les enfants cherchaient sur la pointe des pieds des visages parmi la foule agglutinée devant la porte, et leur regard s’éclairait lorsqu’ils reconnaissaient pères et mères.
Au tout début c’était maman qui venait la chercher, Sherry attendait devant les grilles de l’école et regardait les autres partir jusqu’à ce qu’il ne reste plus qu’elle. Une fois, elle avait noué connaissance avec un garçon de son âge, quand ils n’étaient plus qu’eux deux. « Toi aussi tes parents c’est des génies ? » Non, son papa c’était superman, et sa maman avait juste été prise dans un embouteillage, et quand elle arriva elle serra son fils dans ses bras, le couvrant de baisers; et puis il n’y eut plus personne.
Au début, un maître composait le numéro d’urgence, maman finissait par arriver alors que la nuit tombait. Tous les soirs Sherry assurait à sa maîtresse que non non, papa et maman ne l’oubliaient jamais, mais comme ils étaient très très occupés ils avaient du retard, il fallait la croire. Elle sautait même dans les bras de sa mère au début, puisque tout le monde le faisait.

Mais après Maman avait cédé la place aux grandes personnes qu’elle ne connaissait pas, des dames à l’air sévère ou non, toujours à l’heure, rarement les mêmes, et Sherry n’avait plus sauté dans les bras de quiconque.

Et un jour il n’y eut plus personne pour la raccompagner. Sherry avait marché seule sur le chemin à côté des enfants intarissables sur leur journée, et elle avait comparé ses parents à tous ceux qu’elle croisait.
Et elle les avait enviés ces foutus gamins, quand les ruelles vides qui menaient jusqu’à chez elle l’avaient terrifiée.

Puis elle avait grandi. Sherry avait relégué au fin fond de ses pensées le jour où elle avait eu mal en ouvrant la porte d’entrée seule pour la première fois. La fillette avait oublié qu’elle avait eu peur, si peur quand il n’y avait personne et qu’il faisait noir.
Elle s’était souvenue de quand maman la bordait en lui racontant une histoire, avant qu’elle ne se les raconte toute seule. Elle s’était rappelée que papa lui faisait les gros yeux, imitait le monstre et la faisait sursauter dès qu’elle risquait un œil en dehors de sa couette.
Sherry avait compris qu’elle grandissait et que tout ça n’avait plus lieu d’être, puis que ses parents n’étaient pas comme ceux des autres. Mais elle n’était plus jalouse. Ils étaient plus intelligent, ils étaient des génies; et elle les aimait, elle en était fière.

Alors ce soir, non, elle n’avait pas le droit de demander plus alors que papa était revenu, ni même d’être déçue.
La fillette s’assit sur le canapé, les jambes serrées, le dos bien droit, on l'avait éduquée à se tenir correctement pour être une bonne enfant. A côté, papa s’affalait, la télécommande à la main. Il était tard, elle le lisait sur le lecteur de cassettes ; quand elle entendait ses camarades de classe se plaindre de ne pouvoir se coucher après 9h30 elle souriait; ici, il n’y avait pas d’heure limite. Il était tard et elle n’avait pas mangé.
L’enfant tendit le bras pour prendre le plateau de nourriture et le présenta à son père.

« Tu… tu as faim ? »

A la télévision, une publicité vantait les bienfaits d’une lessive à un prix défiant toute concurrence. L’estomac de Sherry gargouilla, elle rougit, bafouilla une ou deux excuses. Elle s’autorisa à prendre une tranche de saucisson en jetant des regards en coin à son père.

« Il y a une réunion parents professeurs dans dix jours. »

Sherry le disait d’une petite voix, sans même oser demander s’ils pourraient venir, pour ne pas être déçue. Mais comme toujours elle ne pouvait s’empêcher d’espérer.
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William Birkin
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William Birkin

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MessageSujet: Re: 1997 - We are family~   1997 - We are family~ Icon_minitimeSam 28 Aoû - 20:51

Chacun s’assit à une extrémité du canapé. Sa fillette avait rigolé pendant quelques instants lorsqu’ils étaient encore debout. Elle avait le même rire que sa mère : un rire sain. Le sien, mieux valait ne pas l’entendre.
William se demanda un instant ce qu’il devrait dire. Il y avait toujours le silence en plus des voix de la télé. Mais ces voix là elles ne comptaient pas. Bientôt, avec la gêne, il y eut une assiette de saucisson entre eux.
Parfait ?

Il mourrait de faim, évidemment.

Tu as bien fait attention avec le couteau, tu ne t’es pas coupé ? C’est dangereux, la prochaine fois je le ferais

Tu sais William, une fillette de 12 ans c’est grand, ça sait se servir d’un couteau. Et Sherry n’a jamais été une enfant maladroite. Mais, si la petite pouvait se débrouiller toute seule, vraiment toute seule avec des choses dangereuses, alors c’est qu’elle avait trop grandi non ? A quoi il pouvait bien lui servir, dans ce cas, son papa ?
Il prit une rondelle de saucisson et la mâchonna pensivement. Son estomac, peu habitué à recevoir de la nourriture, rua violemment, mais William pu avaler quand même ? C’était toujours comme cela. A la télé, les voix continuaient de papoter, discutant de céréales, de vêtements, de nourriture… Sherry aussi s’était servie dans l’assiette. Alors même que la gamine cessait de lui jeter un regard en coin, Birkin, lui, commença. Leurs yeux ne se croisèrent pas.
Finalement l’homme prit l’assiette et la posa sur la petite table. Il savait ce qu’il avait à faire, il venait de s’en souvenir.
Par des mouvements gauches, il dénoua ses lacets et enleva ses chaussures. Voilà à présent il pouvait étendre les cannes qui lui servaient de jambes.
William se tourna un peu mieux vers sa fille, affalé dans sa partie du canapé, il attira Sherry jusqu’à lui pour la prendre dans ses bras.
Elle avait grandit sa fille, trop grandit. Mais il y avait encore assez de place pour elle dans cet endroit non ? Là, tout contre son papa…

Dans dix jours ? Prends moi rendez-vous avec ton professeur de sciences, j’irai

Il y a certaines matières qui ne se confient pas à n’importe qui. Surtout pour éduquer une enfant qu’il jugeait aussi intelligente et sagace que sa fillette. L’orgueil parental a gâché la vie de bien des professeurs.
Le générique de leur film retentit alors. Le même sourire gamin éclaira le visage du père et de la fille. William voyait beaucoup de choses d’Annette dans la petite frimousse de Sherry, pourtant l’enfant lui ressemblait beaucoup aussi. Les mêmes grands yeux trop rêveurs pour le monde, les mêmes sourires trop lumineux lorsqu’on pouvait les voir et les mêmes blessures de solitude.

Il serra un peu plus sa fille contre lui et l’embrassa à la tempe. Finalement non, elle restait encore petite. Son bout de rien à lui…

Alors, on parie sur quel extra terrestre cette semaine ?

Le père et la fille avaient passé un accord tacite : une gamme de pronostics se devait d’être lancé avant l’épisode de leur série. Le perdant devait offrir à l’autre une crêpe chocolat-banane avec chantilly. Jamais à la maison, William oubliait toujours d’en offrir à sa fille cependant, même si Sherry gagnait beaucoup. Il se sentait coupable évidemment, mais comme chaque chose de sa vie, il l’oubliait.
Peut être qu’un jour, Sherry comprendrait entièrement les motivations de son père. Mais jamais Birkin ne lui expliquerait cela de lui-même…

J’ai une idée, on fait des milk shake après ?

La cuisine se faisait toujours très tard avec un scientifique. Surtout un scientifique doux-dingue comme William. Il n’avait jamais réussi à comprendre la notion d’horaires. Ce qu’il ne comprenait pas non plus, c’est qu’un grand verre de milk shake vanille, ça remplace pas plusieurs semaines sans voir sa fille unique.
Pourtant, ce n’était pas un méchant homme, pas avec sa famille. Mais c’est ainsi…
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Sherry Birkin

Sherry Birkin

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MessageSujet: Re: 1997 - We are family~   1997 - We are family~ Icon_minitimeMer 1 Sep - 23:30

Elle acquiesça en silence à la question de son père, oui elle faisait toujours attention au couteau, non elle ne s’était plus coupée avec depuis bien longtemps, elle savait sûrement mieux se débrouiller dans une cuisine que lui-même. Pas la peine de répondre que la dernière fois il lui avait déjà promis de s’en occuper, la dernière fois et celle d’avant et toutes celles qui précédaient encore. Elle reprit pensivement et un peu machinalement un saucisson, attrapa une tomate avec les doigts, quand papa était là c’était la fête et tant pis pour les bonnes manières.

Sherry se laissa prendre dans les bras de son père un peu raide comme souvent, elle n’avait plus l’habitude d’être câlinée de la sorte et ne savait pas trop comment y réagir. Mais c’était loin d’être désagréable, et la fillette se détendait rapidement, profitant du contact de sa joue sur la chemise de papa. Elle laissa ses yeux se fermer, ses paupières étaient encore lourdes de son sommeil passé et il n’y avait à la télévision que des défilés de gens parfaitement heureux, rien d’intéressant.

« Tu vas pas être déçu, il est un peu fou ce prof, la dernière fois on a passé trente minutes à chercher qui avait jeté une gomme pendant qu’il avait le dos tourné avec interrogatoire de tous les élèves et étude balistique… »

Elle n’avait jamais parlé autant depuis le début de la soirée, mais papa pourrait venir disait-il, cela suffisait à lui délier la langue. Pourvu qu’il n’ait pas d’invention géniale à perfectionner dans dix jours. C’était déjà arrivé, les rendez vous annulés. Sherry retomba un peu brutalement dans son mutisme. Elle réfléchissait trop, ce n‘est pas bon pour apprécier le moment présent. Non, il allait venir et la rencontre serait brillante, elle voulait déjà pouvoir y assister. Il allait le disputer sur une erreur restée sur le tableau peut être, ou bien faire lui faire des blagues incompréhensibles pour le commun des mortels, ou encore n’importe quoi de totalement imprévisible…

« Les Cybermen, ils ne sont pas tombés depuis longtemps. Passé ou futur ? »

Remarque, avec la logique inhérente à la télévision, les chances que la série soit passée dans l’ordre étaient proches du zéro absolu, alors pour une rediffusion en plus… Non, mais elle en était presque sûre, elle adorait gagner la promesse de sa crêpe chocolat-banane. Là résidait le secret en fait, se contenter de promesses et s’en réjouir.

« Oui, un milk-shake, avec de la chantilly qui déborde ! »

En attendant le générique était terminé, le visage de l’acteur principal apparaissait en gros plan, il était temps de se taire et d’écouter. Pas pour longtemps avec William Birkin et sa fille, ils commentaient toujours les épisodes, c’est bien plus drôle ainsi, surtout quand l’instinct scientifique de son père le poussait à analyser chacune des avancées technologiques irréalisables.
Sans s’arrêter de fixer l’écran, Sherry se dégagea de l’étreinte de son père pour attraper le saladier rempli d’assez de tomates pour plus de trois, et se recala entre ses bras, la nourriture à portée de main, elle avait très faim maintenant.

« Mmh, tu as soif peut-être ? »

Elle avait oublié l’eau, quelle idiote, elle aurait dû y penser, il venait de rentrer et de se poser et elle n’avait mis ni verres ni carafe sur le plateau. Imbécile. Sautant hors du canapé, elle se précipita vers la cuisine sans quitter le feuilleton des yeux plus de dix secondes. Mince, mince, et mince, vite deux gobelets, vite remplir le petit broc. Le robinet déversa de l’eau jusqu’à la moitié du récipient avant de crachoter quelques gouttes et de s’arrêter définitivement, agonisant dans des râles de glouglou. Sherry plissa les yeux, agacée contre elle-même. Le plombier. Il fallait qu’elle l’appelle demain, ça devenait urgent.
Tant pis, elle versa l’eau directement dans les verres et revint au canapé, servant à boire à son père.

Cette fois, elle s’installait pour de bon sur le canapé, tout était là. Boisson, nourriture, papa et le Docteur.
A l’écran, l’homme marchait sur une étendue de sable sans toutefois quitter son écharpe, et pressait vivement une jeune femme brune de le rejoindre. L’épisode ne datait pas d’hier, mais Sherry ne l’avait encore jamais vu, c’était là l’essentiel. Un cri retentit soudainement, les personnages se retournèrent, leurs yeux s’écarquillèrent et le héros hurla à sa compagne de courir. La fillette ne sursautait pas, les monstres qui passaient à l’écran ne faisaient jamais peur et même dans les rares cas contraires, elle était maintenant trop grande pour l’admettre devant son papa.
Elle n’avait pas à être faible devant ses parents ou à oublier des choses, ils avaient bien d’autres choses à se préoccuper.

Spoiler:
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William Birkin
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MessageSujet: Re: 1997 - We are family~   1997 - We are family~ Icon_minitimeSam 4 Sep - 20:37

William écouta son enfant parler du professeur de sciences. Il ne savait pas vraiment ce que l’on attendait d’une relation élève/professeur. Enfant surdoué, ses souvenirs étaient constitués de cours pendant lesquels il baillait aux corneilles. Les cours du professeur Marcus.
Jeune et immature, William devint véritablement méchant pendant cette période. Une frénésie malsaine le prenait et lui donnait un but pour passer les longues heures de sa journée : ridiculiser les autres. Qui étaient les autres ? Eux, eux qui se plaçaient d’eux même sur une estrade devant un grand tableau noir. Marcus et ses comparses. Le jeune garçon ne leur laissait jamais le droit à la moindre erreur. Tout était prétexte à les enfoncer sous son talon imaginaire, à leur faire comprendre qu’ils n’étaient rien, que leur intelligence ne valait pas la moindre chose. De bons petits toutous obéissants et aboyant bien sagement ce qu’ils avaient appris sans réellement comprendre dans des dizaines d’ouvrages spécialisés. Et ces tours savants, ils les apprenaient à d’autres petits chiens, mais l’intelligence, la vrai, elle n’était nulle part.
Hors, l’adolescent s’étai heurté à deux choses : la bienveillance malsaine de Marcus, de prime abord, et l’indifférence froide d’Albert Wesker.
Marcus avaient encouragé l’esprit scientifique du jeune garçon, se foutant bien de détruire ses barrières mentales concernant le bien et le mal. En Birkin il avait placé beaucoup d’espoir et, ironie du sort quant au comportement du jeune homme, le qualifiait fièrement de « scolaire ». Pour ce qui était de Wesker, il n’était l’aîné de William que de quelques années et avait lui aussi les signes d’une intelligence précoce. Birkin ne trouva pas en lui un esprit à humilier, ni même un complice de ses railleries. Juste un mur froid auquel il se heurtait quotidiennement. Bientôt ils furent inséparables. Inséparables sans jamais chercher à se comprendre, peut-être avaient-ils cherché à apprendre l’un de l’autre, mais toujours de manière voilée. Ainsi l’on pouvait dire que la seule personne à prendre pour William, le rôle de professeur, fut Wesker.

Tu sais ce qui serait amusant ? Tu me fais un plan de classe et on étudie tous les deux le moyen de perpétrer le crime parfait avec des boulettes de papier. Même l’étude balistique pourra pas prouver ta culpabilité, ok ?

Mais Sherry est une petite fille bien sage, William. Elle écoute en cours, prend bien ses notes et fait ses devoirs tous les soirs alors qu’elle n’a personne pour l’aider…
Personne pour lui expliquer les consignes…
Personne pour la corriger …
Faire le zouave en classe, c’est pas pour les petites filles aux cheveux coiffés, avec des chaussures bien cirées et de grands yeux tristes.
C’est pas pour Sherry.

L’enfant s’était levée pour aller chercher à boire. William concentra son regard sur la télé. Les images défilaient devant ses yeux fatigués. Il ne savait même pas si Sherry avait des amis. Il ne comprenait pas que quelqu’un s’était trompé, ce n’était pas une ombre que l’on avait cousu aux semelles de la fillette, mais une traîne de solitude. Et ce n’était pas son capitaine crochet de père qui allait la lui enlever…

De nouveau un poids sur le canapé, de nouveau une petite chaleur entre ses bras. Aucune image de monstre ne fit sursauter Sherry. Sans doute avait-elle trop grandi pour croire aux cauchemars… William resta de marbre lui aussi. Aucune terreur n’équivalait celle qu’il cachait dans ses laboratoires.
Un nuage noir voilait les visages du père et de l’enfant. Des petites souffrances s’y cachaient, ainsi que de grosses peines. Ils cherchaient tous les deux comment sourire, ils n’y arrivaient pas. Alors les ne restait que les images de la télé, ces choses qu’ils regardaient à deux.

Aujourd’hui, Birkin avait tué un cobaye. Annette était déjà partie, il s’était retrouvé seul avec des cellules refusant de faire accrocher le virus. Le cobaye souffrait, hurlait et lui, lui il s’énervait. Il n’avait rien ressenti d’autre, aucune trace de regret ou de remord. C’était mal, bien sûr qu’il le savait… mais William agissait pour le compte de la science. La science c’était l’avancée de l’humanité, l’apogée de l’esprit humain… Alors qu’importe si à force d’injections et d’expériences, on tue des hommes dans d’atroces souffrances ? Ses mains avaient fait des piqûres fatales à bien des gens, il le savait. Aujourd’hui, ses mains serraient Sherry contre lui. Un petit bout de vie qu’il avait créé avec Annette sans rien y ajouter d’autre. Pas même un amour profond.
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Sherry Birkin

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MessageSujet: Re: 1997 - We are family~   1997 - We are family~ Icon_minitimeJeu 30 Déc - 1:46

Les grandes envolées du générique de fin comblaient le silence qui s’était instauré entre les deux depuis une trentaine de minutes. Les noms défilaient, éclairant la pièce sombre d’une lumière clignotante loin de respecter les impératifs de sécurité habituels. Sherry étouffa un bâillement, déformant son visage dans une grimace un peu crispée. C’est qu’il ne fallait pas que l’on voit qu’elle était fatiguée et que la raison ordonnait qu’elle aille se coucher.

Elle ramena ses genoux contre sa poitrine, le canapé ne devait pas laisser papa partir. Il restait une place à côté pour maman, pourquoi donc ne remplissait-on jamais les fauteuils dans cette maison ?
Tout était vide ici. Elle n’était qu’une enfant vide dans une grande maison vide, pas étonnant que ses parents lui préfèrent le travail, n’est-ce pas ? Son bras gauche était tout engourdi, plaqué contre le torse de son père depuis le milieu de la série. Cela faisait mal quand elle essayait de le bouger, autant ne rien changer, rester immobile.
Sherry avait peur du changement oui. Pas de grandir, ça, ce n’était que passer de semblant d’adulte à adulte officiel. Mais la mobilité autour d’elle, la précarité d’une situation dont elle avait déjà tant de mal à se satisfaire, ça c’était terrifiant.

Riiiiing. Riiii...

Deux sonneries, pas besoin de plus avant que Sherry ne se lève automatiquement et ne court décrocher le combiné. Il était tard, ce n’était pas une heure où les honnêtes gens se permettaient encore d’appeler. Elle était souvent seule à cette heure-ci, et répondre dans la nuit lui avait toujours fichu une angoisse pas possible.

« Birkin à l’appareil, bonsoir. »

Une voix bien grave et sentencieuse pour sortir de la bouche d’une fillette. Suivie de la petite seconde de silence où tout est possible, avant que l’interlocuteur ne réponde et que l’on cesse d’imaginer tout et n’importe quoi. Puis le relâchement, et alors on se moque du comportement totalement irrationnel d’il y a... une éternité déjà. Les épaules tendues de Sherry se décontractèrent, elle étira un bras encore tout engourdi de sa position entre les bras de son père. La blondinette porta une main à son front pour le masser, frottant du même coup ses yeux clos. Rien de grave de l’autre côté du téléphone, seulement quelqu’un de très, très pénible.

« Madame Chiswick ? Oui, bien sûr, je… oui. »

Elle cala le combiné entre l’oreille et l’épaule, attrapa d’une main un post-it et de l’autre un crayon de papier qui traînait.
TAILLER HAIE
Elle souligna l'ordre doublement, deux traits rimant avec « Extremely very not good ». La haie gâchait la vue de son honorable voisine, qui allait finir par en briser la quiétude du quartier.

« Oui, je vous l’avais promis… Non, le temps…. Je me doute que ce n’est pas bon pour vos hortensias, j'en suis désolée… »

Machinalement, elle gribouilla un cercle qu’elle orna d’une masse informe de cheveux, d’un nez outrageusement proéminent et de spirales colériques en guise d’yeux. Portrait qu’elle trouvait fabuleusement réaliste pour sa part.

« Je vous donne ma parole que d’ici deux jours… Oui bien entendu… »

Quoiqu’il manquait encore quelque chose. Sherry ajouta des tentacules à la pauvre femme postérisée à jamais sur 50 cm² et quelques. Une mission pour le Docteur, ce vil extra-terrestre à éliminer.

« Je vous remercie… Vous de même. Bonne soirée… Bien sûr. »

Elle raccrocha dans un soupir résigné et fixa le post-it sur le mur, au milieu de tous les autres. C’était la maison post-it ici, utilisés partout, pour tout. Sur le frigo pour les courses, à côté de la machine à laver pour le linge, dans l’armoire pour le rangement. Pour ne rien oublier, et pour communiquer aussi. Sur la table le matin, pour souhaiter une bonne journée, à côté du bol de café froid et des miettes de croissants occasionnellement, le soir sur le lit parental jamais défait pour souhaiter une bonne nuit, d’ici que le Travail n’en libère un des deux avant l’aube.
Sherry avait échangé plus de mots avec ses parents via les petits carrés jaunes qu’à l’oral. Leurs discussions face à face n’avaient pas de toute manière rarement plus de signification et de répondant que trois gribouillis jetés sitôt à la poubelle.
Sauf les soirs comme ceux-ci, où Papa ou Maman étaient.

« Je... »

Maintenant qu’elle s’était levée, elle ne pouvait plus retourner sur les genoux de son père, ç’aurait été… déplacé. Non ?

« Je… vais chercher la chantilly. »
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